Éric Dupond-Moretti : Le Garde des Sceaux devenu Showman
Imaginez un instant : la robe noire troquée pour un costume de scène, le marteau du juge remplacé par un micro, et la solennité du tribunal métamorphosée en éclats de rire et coups de gueule.
C’est l’étrange destin d’Éric Dupond-Moretti, ex-ministre de la Justice, qui, depuis le 1er février 2025, foule les planches du Théâtre Marigny avec son one-man-show J’ai dit oui !.
Oui, vous avez bien lu : l’ancien ténor du barreau, celui qu’on surnommait « l’Acquittator », a décidé de transformer ses quatre années à la Chancellerie en un spectacle vivant.
Et pas n’importe lequel : un règlement de comptes assumé, une confession sans filtre, un uppercut théâtral qui cogne là où ça fait mal.
Un ministre au bord de la scène
Dupond-Moretti, c’est cet ovni du paysage politique français.
Avocat star, chasseur de corridas, fumeur invétéré, il a débarqué Place Vendôme en 2020 comme un éléphant dans un magasin de porcelaine.
Quatre ans plus tard, après avoir essuyé tempêtes judiciaires et critiques acerbes, il revient là où il excelle : devant un public.
Mais cette fois, pas de jury à convaincre, juste des spectateurs à captiver. « C’est un règlement de comptes, je l’assume totalement », lâche-t-il, cigarette au bec, dans une loge rouge où trône son teckel Jean-Claude.
Et sur scène, il ne fait pas semblant : magistrats, journalistes, politiques, tout le monde en prend pour son grade.
Sauf peut-être Emmanuel Macron, son ticket d’entrée dans l’arène gouvernementale, qu’il épargne avec une loyauté presque touchante.
Théâtre ou tribunal ?
Dans J’ai dit oui !, mis en scène par Philippe Lellouche, Dupond-Moretti joue de son charisme brut.
Il raconte les coulisses du pouvoir, ces moments où l’on découvre qu’une voiture officielle ne démarre plus quand on n’est plus ministre.
Il allume une clope sur scène – provocation ou nostalgie ? – et balance des anecdotes qui oscillent entre humour grinçant et introspection.
Mais ne vous y trompez pas : ce n’est pas qu’un défouloir. Il y a une quête dans ce spectacle, celle de décrypter le désamour entre les Français et leurs élites.
« Les gens ne savent pas ce que c’est qu’être ministre », martèle-t-il, comme s’il voulait réhabiliter une fonction qu’il a quittée en septembre 2024.
Le retour de l’ogre cabot
Critiqué, adulé, haï, Dupond-Moretti reste une figure bigger than life. À Marigny, il remplit les salles, preuve que son aura dépasse les prétoires et les ministères.
Après Paris, une tournée est prévue, et peut-être un livre, voire un retour au barreau.
Car cet homme ne s’arrête jamais.
Il est l’ogre cabot qui dévore la scène, un funambule entre justice et comédie, un ministre qui refuse de rentrer dans le rang.
Et nous, on regarde, fascinés, ce colosse qui transforme ses cicatrices en punchlines.
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